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mardi 15 octobre 2013

J'ai testé...La Bonne Ame du Se-Tchouan

Bertolt Brecht
Mise en scène : Jean Bellorini
Du 09 au 19 octobre au TNT, Toulouse



A Se-Tchouan, petit village extrêmement pauvre de Chine, un marchand d’eau attend désespérément l’arrivée d’un Dieu qui pourrait les sauver de cette misère (physique, sociale et morale). Ce Dieu là arrive enfin et cherche une bonne âme qu’il peine à trouver, voulant bien l’héberger pour la nuit. Shen Té, prostituée, se propose de l’héberger en tout bien tout honneur bien sûr, et reçoit en récompense du ciel 1000 dollars. Avec cet argent, elle décide d’ouvrir un tabac pour gagner sa vie autrement qu’en vendant son corps, et c’est là que les ennuis commencent pour la pauvre Shen Té. Car quand on est une bonne âme, on  ne peut refuser de l’aide à quiconque ira frapper à sa porte.


Le décor est plutôt sobre, un container pour le tabac de Shen Té et le fourgon du vendeur d’eau qui changent de place selon la scène, un étage où se trouvent les musiciens, mais le jeu d’acteur est riche. L’on assiste à des tableaux poétiques: les lumières suspendues au plafond représentant les étoiles qui descendent lentement sur la scène, des particules qui tombent sur le fourgon représentant l’averse qui surgit. La musique est omniprésente, parfois jazzy, parfois chorale, parfois rock : « La musique d'un monde onirique et le bruit de la réalité. Des chansons originales et populaires. Des comédiens-musiciens-chanteurs-ouvriers du plateau… au service de la fable » dixit Jean Bellorini.

Photo de Polo Garat Odessa
Photo de Thierry Depagne
Bertolt Brecht dresse un tableau assez noir de l’humanité, de son égoïsme, sa brutalité et son manque cruel de reconnaissance. Heureusement, Bellorini nous évite de tomber en dépression, car malgré l’écriture poétique de Brecht, on pourrait facilement avoir le moral dans les chaussettes vu la dureté de la pièce. Celle-ci dure 3h tout de même, mais grâce à une mise en scène poétique, drôle, vivante et des acteurs incroyablement bons, on ne les voit pas passer (dernière pièce vue aussi longue, c’était Macbeth mis en scène par Laurent Pelly, j’avoue avoir sombré dans un profond sommeil).

On est pleins de compassion pour Shen Té, partagée entre son âme généreuse et son âme révoltée par l’ingratitude de l’homme:
« Il est dur, votre monde ! Trop de misère, trop de désespérance.
La main tendue au malheureux, il te l'arrache aussitôt !
Celui qui aide, celui-là, lui-même, se perd ! Quand devant lui on meurt de faim,
Qui pourrait longtemps refuser d'être mauvais ?
Tout ce dont on avait besoin, d'où le tirer? De moi seule!
Je ne le pouvais sans périr ! Le poids des bonnes résolutions
M'aurait enterrée au plus profond. Mais il suffisait d'être injuste,
Pour imposer ma loi et manger à ma fin.
Il y a quelque chose de pourri dans ce monde. Pourquoi
Le vice se voit-il récompensé et pourquoi de si dures peines
Sur les épaules des bons ? »

La tournée de La Bonne Âme du Se-Tchouan a démarré à Toulouse mais se poursuit à :
Paris : Odéon, du 7/11 au 15/12; Valence : Comédie de Valence, 19-20/12; Châtenay-Malabry : Théâtre Firmin Gémier, du 7 au 12/01; Compiègne : Théâtre de Compiègne, 16-17/01; Toulon : Théâtre Liberté, 23-24/01; Marseille : La Criée, du 29/01 au 01/02; Châteauroux : L’Equinoxe, 6-7/02; Alés : Le Cratère, du 13 au 15/02; Lyon : Théâtre de la Croix-Rousse, du 19/02 au 02/03; Tremblay-en-France : Théâtre Louis Aragon, 6-7/04

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